Sans univers. Il n’est pas seul. Simplement… Simplement, sans univers. Les autres aussi. «On nous a laissé tomber.» chignent probablement certains. «C’est du passé, c’est fini, c’est tout.» songent sûrement les autres. Tout est éphémère de toute façon. Malgré le vide, malgré une certaine tristesse, Chris semble calme. Comme la plupart du temps qu’il se sait observé, de toute façon… Mais s’il est calme aujourd’hui, c’est que la situation lui est familière. Il s’est déjà perdu auparavant. Il a même pris beaucoup de temps pour se trouver la première fois. Et ce n’est pas une main tendue qui le secouru de sa non-existence. C’est un ami qui faisait des grands signes avec ses bras, gesticulant pour se faire voir, perdu dans la foule, mais une foule qui trouvait sa richesse dans chaque nouveau venu. Et le professeur d’étude des runes… Tiens j’enseignais cette matière moi? J’avais presque oublié… était l’un d’eux. Pendant un éprouvant effort physique, mais surtout pendant la difficile tâche d’oublier ma souffrance et la lutte contre la lâcheté que je répugne encore, il est né. La rage, la beauté, l’ouverture, la souffrance, l’esprit encombré, la jeunesse… Il sera masculin, je me suis dit et aussitôt je fus convaincu de sa pertinence. Oui, jouer la psychologie de l’autre sexe. Voilà un défi intéressant. Je remets le crédit à mon ami. Merci d’ailleurs.

En fait, il n’est pas sans univers. Il y a HP pour ça. Il est plutôt sans époque. Elle s’est sauvée avec les marionnettistes. Et la marionnettiste que je suis ne s’est pas exercée, pour la peine, depuis fort longtemps. Pardonne-moi Chris, j’ai même de la difficulté à te vivre. C’est l’époque… Sans l’époque, tu es difficile à interpréter, oui. Sans ton histoire si fortement reliée à celle des autres, tu ne peux plus avancer. Tu ne peux plus exister sans eux! Ce n’est pas que je ne t’aime plus, mon amour ne fait que se renforcer avec le temps… parce que tu ne m’a jamais aussi manqué. Les mots, qui se manient, qui se remplacent, qui se mélangent, que tu m’as fait découvrir… Belle poésie que je comprenais. Parce que nous étions un… J’étais toi.

L’époque où nous vous dessinions était construite de joies simples. Une idée, une réponse, un échange. 13. Et maintenant 18. Quand même. Ça fait loin, loin en âge, loin en écriture, loin en amitié, avant l’amour. Mais le souvenir reste vif en moi. Car, à mon cœur, ce n’est pas éphémère. Tu n’es pas éphémère. La première Mandragora, et Dradra, et Léa et Katrina, et Allie,et Yann, et Mistlav… Et Naomie… Évidemment… ne sont pas éphémère. Wow. La beauté que je trouvais en ces gens-là, c’était avant tout dans leur humanité. Et leur détresse… rien de moins pour me plaire, vous avez vu justes, marionnettistes. J’aime le drame, j’aime ressentir cette douleur. Être charmée, je n’attendais que ça, je voulais croire, voyager, me libérer de l’emprise de la Terre. Mais à présent, vous n’êtes plus là! Parce que Vous n’êtes plus là. C’est vrai. L’unique raison pourquoi j’écris en ce moment, c’est parce que… ce fut magnifique. C’est encore magnifique. Et cela, même si la trame est finie. Je n’ai qu’à la repasser en boucle dans ma tête pour me faire sourire. Ça me suffit. Et si vous n’êtes plus dans Une Nouvelle Époque, vous êtes toujours une époque de mon histoire. Et vous resterez, car l’histoire que j’ai écrite a écris une partie de la mienne, au final…